À la tête d’un petit studio multidisciplinaire installé à Lausanne, Jeremia Adatte fait preuve d’une créativité qui s’inscrit dans l’une des grandes voies du design européen : l’envie de fusionner image et objet physique. Graphiste de formation, il crée des choses à message et des messages qui sont des objets. Et les étiquettes qu’il a imprimées chez Vidal & Armadans en sont sans doute le meilleur exemple. D’aspect corporel, tactile, presque « saisissables » dans leur bidimensionnalité. Ce qu’il a réalisé pour la compagnie aérienne Albinati est, en outre, « populaire » au sens le plus lumineux du terme : il nous transporte dans un monde joyeux et qui invite à l’optimisme, un monde dans lequel voler constituait tout à la fois un progrès et une expérience inoubliable. Et, pour ce faire, il s’appuie sur un graphisme qui s’inspire de l’âge d’or du design international, à la fois beau et fonctionnel, surgi précisément dans le pays de Jeremia Adatte, la Suisse.
Qu’est-ce qui distingue Adatte Design dans un monde toujours plus concurrentiel ? Depuis notre fondation en 1990, nous nous sommes toujours efforcés d’innover et de pousser la créativité toujours plus loin. Ce qui nous distingue de nos concurrents, c’est que nous ne considérons jamais que quelque chose a été pleinement accompli. C’est pour cela que nous cherchons et développons sans relâche de nouveaux concepts pour que nos clients et nous-mêmes marquions la différence. Nous aimons être polyvalents pour mieux exprimer nos idées en utilisant une large gamme de techniques : d’un simple croquis sur une feuille de papier au rendu en 3D, de prototypes physiques à la photographie, l’illustration numérique et l’impression 3D.
Quelles sont vos principales références conceptuelles et esthétiques ? Surtout beaucoup de grands designers, comme cette légende vivante qu’est Marc Newson. Mais aussi la nature, l’art et toute manifestation culturelle, bien sûr. On peut trouver des références partout.
Les étiquettes imprimées par Vidal & Armadans pour Albinati et Black Wolf sont des objets quasi physiques. Le dessin industriel est-il plus important pour toi que le graphisme ? Je suis graphiste de formation et je crois que le graphisme doit avoir sa place dans le dessin d’un produit. Quand tous deux sont en symbiose cela peut donner des résultats surprenants. Le premier iPod, par exemple, ou les réalisations de Dieter Rams furent sans doute d’abord des croquis, de face et sans perspective (2D). Ils ne devinrent les objets iconiques en 3D que nous connaissons aujourd’hui qu’après toute une série d’étapes.
Quels types de rapports entretiennent Adatte et Albinati ? Comment est-ce de travailler avec une marque aussi exclusive ? En tant qu’amis de la marque, c’est très inspirant de travailler avec Albinati. Notre expérience auprès de marques de l’industrie aéronautique est très large. Nous ne faisons aucune distinction selon qu’une marque est prétendument exclusive ou non. Tous les projets méritent un beau design.
Les étiquettes d’Albinati ont un petit côté rétro, empreint de nostalgie envers l’âge d’or de l’aviation. Qu’est-ce que vous cherchez à faire passer ? Une identité graphique forte et visuellement frappante, qui peut être immédiatement reconnue. Les étiquettes que nous avons faites pour Albinati sont dans un style résolument moderne. Surtout les dernières, qui s’inspirent des affiches rationalistes de l’École suisse.
Comment s’est passé le travail d’impression avec Vidal & Armadans ? Qu’est-ce que cette imprimerie vous a apporté ? J’ai découvert Vidal & Armadans en 2012, grâce au viticulteur et œnologue René Barbier Jr. Je suis allé le voir dans sa cave du Priorat, Clos Mogador. J’ai beaucoup aimé ses étiquettes et il m’a offert un catalogue de Vidal & Armadans avec toutes sortes d’impressions d’étiquettes. J’ai aussitôt pris contact avec l’imprimerie, qui m’a proposé de me rencontrer lors du salon Alimentaria, à Barcelone. Vidal & Armadans a, pour moi, une approche artistique sans équivalent, et un talent rare pour convertir les idées en réalités imprimées sur du papier.
Quels sont les projets qui vous plaisent le plus ? Sans hésitation, ceux pour lesquels le client nous donne carte blanche.
Comment défendez-vous le travail quasi artisanal d’Adatte Design en ces temps de mondialisation, de standardisation ? En ne cédant à aucune pression. En restant fidèles à nos valeurs et à notre identité.